LONDRES (AP) - Après 16 saisons, Michael Schumacher a fait ses adieux à la Formule 1. Le septuple champion du monde laissera un vide en 2007, mais la nouvelle saison s'annonce tout de même palpitante avec de beaux combats en perspective au sein de la nouvelle génération.

Les deux meilleurs pilotes ont changé d'écurie. Le double champion du monde Fernando Alonso quitte Renault pour McLaren et Kimi Räikkönen rejoint Ferrari pour remplacer le "Baron rouge" après cinq saisons chez McLaren.

Agé de 27 ans, Räikkönen a terminé deuxième du championnat du monde en 2003 et 2005. Handicapé par le manque de fiabilité de sa monoplace chez McLaren, le Finlandais fera équipe avec Felipe Massa chez Ferrari. Les bookmakers britanniques font de lui le favori pour le titre la saison prochaine.

"J'ai passé cinq ans chez McLaren, mais je voulais quelque chose d'autre", a expliqué Räikkönen, surnommé "Iceman" pour son sang-froid.

Chez Renault, Alonso avait connu quelques rares problèmes de fiabilité. McLaren pourrait être une tout autre histoire. L'Espagnol sera immédiatement sous pression au sein de l'équipe britannique, qui n'a plus remporté le titre constructeur depuis 1998 et dont la dernière victoire aux championnats du monde des pilotes remonte à 1999 avec Mika Häkkinen.

"Je sais que gagner deux championnats du monde d'affilée était très difficile", avoue Alonso. "En gagner un troisième sera encore plus dur. Mais McLaren est une grande équipe et je ne doute pas que nous aurons une voiture compétitive dans les prochaines années".

Lewis Hamilton, un jeune pilote de 21 ans, fera équipe avec Alonso. Il est devenu le premier pilote noir à décrocher un volant en F1 après avoir remporté cette saison le championnat GP2, l'une des antichambres de la F1. En 2005, il avait dominé le championnat de F3 en gagnant 15 des 20 courses au calendrier.

Agé de 25 ans, Alonso, devenu l'an dernier le plus jeune champion du monde de F1 lors de son premier sacre, fait partie des jeunes loups qui poussent les pilotes de la génération Schumacher vers la sortie.

En 2007, les jeunes seront partout sur le paddock. Renault a promu le pilote d'essai Heikki Kovalainen au rang de pilote officiel pour remplacer Alonso aux côtés de Giancarlo Fisichella. Et si Fisichella ne se montre pas à la hauteur, il pourrait être remplacé à la mi-saison par Nelson Piquet Jr.

Mark Webber est passé dans les rangs de l'écurie Red Bull en provenance de Williams, où est arrivé Alex Wurz, qui a effectué sa dernière saison en F1 en 2000 avec Benetton. Il rejoint Nico Rosberg chez Williams.

De son côté, Ferrari a perdu Schumacher mais aussi Ross Brawn, le directeur technique de l'équipe qui a aidé la Scuderia à gagner six titres constructeurs et cinq titres pilotes. Brawn a cependant laissé entendre qu'il pourrait revenir après une année sabbatique.

"Schumi", qui aura 38 ans le 3 janvier, quitte son sport avec tous les grands records en poche: 91 victoires en Grand Prix, sept titres et 68 pole positions. Il sera conseiller technique pour Ferrari la saison prochaine. Il a également insinué qu'il pourrait un jour reprendre le volant en compétition.

Kimi Raikkonen n'a pas obtenu l'autorisation de rouler au volant d'une Ferrari avant la fin de l'année 2006, son patron Ron Dennis n'ayant visiblement pas tenté de faciliter les négociations entre lui et la Scuderia.

Dès lors, il faudra encore attendre un peu pour voir Kimi en rouge. C'est en effet entre le 21 et le 23 janvier prochain que Kimi Raikkonen pilotera pour la première fois de sa vie une Ferrari de F1. Cela devrait se passer sur le circuit privé de Fiorano ou sur celui du Mugello qui appartient aussi au groupe FIAT.

"Kimi doit comprendre que c'est le moment pour lui de remporter le titre de champion du monde - déclare Luca di Montezemolo, président de Ferrari - lorsque ce sera fait, Jean Todt pourra tranquillement se retirer et quant à moi, je pourrai m'exiler sur l'île d'Anacapri." (près de Naple, en Italie).

Les médias italiens s'inquiètent beaucoup du goût de la fête de Kimi Raikkonen et surtout de sa propension à boire un peu trop dans ces moments-là...

Luca di Montezemolo en a vu d'autres. "Eddie Irvine était aussi un peu comme ça et même un certain garçon né à Kerpen, même si c'est difficile à croire. Nous n'avons aucune inquiétude à propos de Kimi: il est motivé et pour Ferrari, il a la bonne approche. Je dois dire que je pense qu'il aurait dû être champion du monde en 2005 s'il avait disposé d'une voiture plus fiable. Il a abandonné cinq fois alors qu'il était en tête..."

Cependant, Luca di Montezemolo ne pense pas que Kimi Raikkonen sera le seul atout de Ferrari l'année prochaine. "Massa est aussi très fort et peut-être même qu'il sera régulièrement le plus rapide," conclut le président des Rouges.

L'équipe Toro Rosso est à l'heure actuelle la seule à ne pas avoir confirmé ses pilotes pour la saison 2007. Gerhard Berger, le copropriétaire de l'équipe, a toujours affirmé qu'il était satisfait de Liuzzi et de Speed, mais il y a quelques signes qui peuvent nous laisser penser que ce n'est pas vraiment le cas...

Tout d'abord, il y a la séance d'essais privés offerte à Sébastien Bourdais sur le circuit de Jerez et le fait que Gerhard Berger ait déclaré à la suite de ce roulage que Sébastien était sur sa liste pour la saison 2008. Il faut dire que Liuzzi et Speed, pourtant sous pression, ont été moins rapides que Bourdais lors de cette séance de trois jours...

Il y a aussi cette information que rapporte le journal espagnol Marca selon laquelle Gerhard Berger aurait contacté Juan Pablo Montoya qui s'est volontairement exilé en Amérique du Nord pour y disputer le championnat NASCAR. Une démarche de la part de Berger qui avait peu de chance d'aboutir.

"C'est vrai que nous avons été approchés par Toro Rosso - confirme la source du journal Marca - mais pour l'instant, Juan Pablo est comme un enfant dans un magasin de friandises. Il est complètement concentré sur le championnat NASCAR et la seule chose dont il a envie maintenant c'est de retourner en piste."

Bourdais pas avant 2008; Montoya qui désire rester en NASCAR pour le moment; Liuzzi et Speed auraient donc un tas de bonnes raisons de ne pas s'en faire... s'il n'y avait une autre rumeur qui veut que Tiago Monteiro ait frappé à la porte de Gerhard Berger. On sait que le Portugais est aujourd'hui sans volant pour la saison 2007 depuis que Spyker l'a remplacé par Adrian Sutil.

Quoi qu'il en soit, il semble aujourd'hui évident que Gerhard Berger est moins satisfait de ses pilotes qu'il veut bien le dire. Vitantonio Liuzzi et Scott Speed doivent vivre une fin d'année difficile...

Le Commandatore auvergnat

Celui que l'on appelle parfois le " Petit Napoléon " est Auvergnat de souche. Fils d'un médecin de campagne, Jean Todt est né le 25 février 1946 à Pierrefort, en bordure de Planèze cantalienne, dans les environs de Saint-Flour. Il commence une carrière de copilote en 1966 avec Guy Chasseuil au critérium des Cévennes. Après quelques essais de pilotage infructueux, il se dirige alors vers la navigation et ses grands talents de calculateur ne tardent pas à faire de lui un copilote très convoité.

Nommé responsable du service compétition chez Peugeot, il sera le maître d'œuvre du lancement et du triomphe écrasant des Peugeot 205 T.16 en rallye, des 405 T.16 en raids et des 905 sur circuit. Jean Todt n'a alors plus grand chose à prouver au sein du constructeur français, excepté en Formule 1 mais devant les hésitations financières de sa direction générale qui refuse de lui accorder le budget nécessaire à la construction d'une Formule 1 complète, il cède à l'appel de la Scuderia Ferrari.

L'aventure Ferrari

Bien que Jean Todt soit trop jeune pour avoir fréquenté Enzo Ferrari, son rôle dans la renaissance de la Scuderia s'avèrera capital et le Commandatore trouvera en lui, l'homme de la situation pour redresser une écurie moribonde de part ses immenses talents d'organisateur et de stratège.

Il prend ses nouvelles fonctions de manager en juillet 1992, à l'occasion du Grand Prix de France à Magny-Cours. Pour reprendre en main une équipe à la dérive, il fait appel à ses dons d'organisateur rigoureux qui font alors merveille et qui redonnent à l'équipe toute sa confiance grâce à l'approche et la tenacité d'un homme neuf dans le monde très particulier de la Formule 1, encore méconnu chez Ferrari et dans la péninsule Italienne.

Travailleur acharné, exigeant envers les autres comme envers lui-même, Jean Todt se définit surtout comme la cheville ouvrière d'une équipe de quatre cents techniciens. Doué d'une intelligence logique qui a montré toute son efficacité et d'une mémoire fondée sur l'observation, il sait aussi faire preuve d'une grande sensibilité que cachent ses décisions implacables.

Conjuguant en une savante alchimie le pragmatisme auvergnat à la passion latine, il offrira à la Scuderia plusieurs titres mondiaux de constructeurs et de pilotes. Très respecté dans le microcosme de la formule 1, il en est devenu aujourd'hui, l'un des plus talentueux ambassadeurs

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